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Ambola
31 juillet 2011

Voyage en train

Par Jean:

 

Cette journee, ou plutot ce bout de voyage, commence en realite des le soir du 30 a Madurai. Nous allions alors vivre une bonne dizaine d'heures assez surrealistes. L'objectif de prime abord est tres simple: rejoindre Kanyakumari, pointe meridionale du sous-continent indien, par le train. 250 km entre les deux localites a relier. Le depart est prevu a 23h40, l'arrivee a 5h30... Nous avions ete prevenus que les trains indiens n'allaient pas vite! Depuis la veille, nous avions notre billet avec deux couchettes reservees en sleeper class.

La premiere chose a faire a ete d'attendre. Non pas que notre train soit arrive en retard (au contraire il etait pile-poil a l'heure) mais plutot parce que nous n'avions rien d'autre a faire... et pourtant nous avions traine en ville, au cybercafe puis au restaurant. Mais rien n'y fait. En Inde, meme en ville, la vie ralentit tranquillement des que le soleil se couche; il fait nuit a partir de 19h!

La vision d'une place de la gare en Inde est plutot inedite. Les Occidentaux parleraient peut-etre d'un "sitting" : des centaines de personnes sont assises devant l'entree et ses alentours. Certaines discutent, beaucoup sont allongees sur des nattes et dorment. Certaines ont des bagages et d'autres non. On ne sait si elles attendent le train (solution tres plausible) ou si elles dorment simplement ici ce soir (solution qui n'est pas a exclure).

Puis vient le train. Il semble relativement vieux meme si dans la penombre ambiante, on distingue mal les details. Moment d'effervescence et de bousculade. Nous trouvons aisement notre voiture mais pas aisement nos places. Ou plutot nous ne comprenons pas vraiment le systeme. L'agitation, les autres passagers qui souhaitent nous passer devant, nos gros sacs sur le dos et le couloir etroit n'arrangent evidemment rien. Plusieurs Indiens se pressent de nous aider, prennent nos billets, parlementent et nous placent sur deux banquettes occupees par deux petits vieux. On essaye de communiquer, de se comprendre et tout s'arrangera finalement au mieux... Le voyage en train commence.

Le wagon est ouvert a tous vents et il n'existe pas vraiment de compartiments. De minces cloisons separent des espaces de six couchettes qui sont totalement ouvertes sur le couloir. Le long du couloir, deux autres couchettes dont la mienne. Je serai donc regulierement frole ou touche par des gens circulant dans le couloir (un va-et-vient assez permanent). Installe sur une couchette etroite, mes pieds sureleves sur mon sac cadennasse, mon petit sac a dos me servant d'oreiller... ma position me semblait des plus inconfortable pour trouver le sommeil. Encore des conditions de transport deplorables! Je m'y suis pourtant bien endormi et j'y serais volontiers reste quelques heures supplementaires si les passagers qui nous avaient aides plus tot ne m'avaient reveille en sursaut : "Kanyakumari! Kanyakumari!" Je regarde ma montre : 4h15. Le train est cense arriver au moins une heure plus tard. Et pourtant tout le monde sort bien des voitures et sur le quai de la gare, il est bien ecrit le nom de notre destination...

Assis sur un banc, a moitie endormi, je regarde defiler un flot discontinu d'Indiens qui se dirigent vers la sortie en pressant le pas. Dix bonnes minutes s'ecoulent. Je n'arrive toujours pas a croire que tous ces hommes et femmes etaient avec nous dans le train. Il y a quelques annees aux USA on disait qu'on etait au pays de la demesure. Mais ici, pour des raisons et des cas bien differents, les memes qualificatifs peuvent etre utilises: demesure, disproportion... Dans quelques annees, les Indiens seront plus nombreux que les Chinois...

Mais ces vagues considerations n'enlevaient rien au probleme du moment, a savoir : "que faire dans une gare d'un bled indien situe a l'extreme sud du pays a 4h du mat'?" Attendre... Alexia qui semblait bien reposee (ou excitee par le trajet?) pris l'initiative de lire, sa lampe frontale serree autour de la tete. Je m'assoupis, dans une position encore plus inconfortable qu'auparavant. Situation etonnante.

Vers 5h30, nous avons la -bonne- idee d'aller voir le lever du soleil sur la plage. Le sable, du vent, le golfe du Bengale, la mer d'Arabie et l'Ocean Indien qui se rejoignent. Au calme, en amoureux... Mais a mesure que nous nous approchons du rivage, nous croisons de plus en plus de monde. Si les Indiens se couchent tot, ils se levent tot egalement. Mais il y a une foule anormalement dense qui se dirige vers le meme endroit que nous. Sur les toits des hotels, des centaines d'Indiens sont installes. Et la, au sommet de la petite colline qui domine le rivage, une vision surrealiste: des milliers, mais vraiment des milliers, d'Indiens sont installes tout le long de la route qui longe la mer. Des hommes, des femmes, des enfants qui forment une foule compacte massee au bord de l'eau et rgardant tous dans la meme direction, attendant tous le lever du soleil sur le Golfe du Bengale. Nous avancons jusque sur la jettee en grosses pierres noires rendues glissantes par les vagues et donc moins frequentee. Pour nous, le spectacle se situe autant devant, vers l'ocean (ou le lever du soleil sera effectivement superbe) que derriere, sur la cote (ou nous observons la vision irrealiste de tous ces Indiens ici installes de si bonne heure).

Voyage memorable... Nous etions loin de nous imaginer pareil peripetie en quittant Madurai la veille au soir. En relisant correctement les guides, nous apprendrons que ce spectacle du lever du soleil a Kanyakumari est tres prise des touristes indiens qui viennent par bus entier, en particulier un jour comme celui-ci, le dimanche!

Hotel avec petite terrasse au bord de la mer, repos et lecture durant la journee, exploration toute sympathique de la ville et de quelques points d'attraction en fin de journee. Mais l'essentiel avait ete vecu ailleurs, avant.

 

Par Alex, episode (volontairement?) oublie dans le recit de Jean:

J'aimerais m'attarder sur ces "quelques points d'attraction" ou plus particulierement la visite du temple dedie a la deesse Sri Kanya Devi.

Obligation pour les hommes d'y penetrer torses nus! Surpris, faisant mine de ne pas comprendre mais finalement resigne, Jean s'execute. Je reprime un fou rire en voyant le petit corps tout blanc et poilu de mon cheri perdu au milieu des torses bruns et imberbes des hindous. L'ambiance devote me calme immediatement.

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Commentaires
S
Nous vous suivons avec toujours autant d'intérêt mêlé de plaisir. Jean* : quelle belle écriture et transcription de votre périple en train ! Lecture captivante, émouvante même qui finit en éclat de rire. Vous êtes magnifiques tous les deux ! Merci de penser à nous et de nous tenir informés via Ambola.<br /> Bonne poursuite de vos découvertes, continuez de prendre soin de vous et... à bientôt de vos nouvelles. Immenses bisous de la Maison.<br /> <br /> *Jean : comment se fait-il que je t'imagine sans aucun problème au moment où tu as fais mine de ne pas comprendre et de prendre ton air résigné pour passer torse nu ? Ça c'est vraiment toi... ! Biz encore les Chéris-indis
M
Hahahaha! Quel beau petit fou rire je viens d'avoir en lisant la "petite" précision" d'Alex!!!<br /> <br /> Vos récits nous laissent toujours autant de belles images en tête! Vivement que vous nous montriez les photos.<br /> On attend la suite avec impatience...<br /> Faites attention à vous.
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